Matthew Barney

Matthew Barney est un artiste américain né à San Francisco en 1967. Travaillant simultanément ou indépendamment avec le dessin, la photographie, le cinéma, les installations vidéos et la sculpture, il est rapidement devenu une figure importante de l’art contemporain.

Biographie de Matthew Barney

Joueur de football américain accompli dans son lycée de l’Idaho on retrouve beaucoup de sa passion pour le corps dans ses oeuvres. Il découvre l’art et les musées lors de visites à sa mère divorcée à New York.

« I first understood abstraction, on a basic level, on the football field »

Matthew Barney

Il fait des études de médecine et, diplômé de Yale en 1991, il débute dans le milieu de l’art par l’entremise de la galeriste Barbara Gladstone dans le body art et connaît rapidement le succès. Il a été marié à la chanteuse islandaise Björk avec qui il a eu une fille, Isadora, née en 2002. Il vit et travaille à New York.

Matthew Barney est le lauréat du Prix Europa 2000 du meilleur jeune artiste (doté de 25 millions de lires) à la 45ème Biennale de Venise en 1993. En 1996, il fut le premier bénéficiaire du Prix Hugo Boss, attribué par le Musée Guggenheim.

Nous pouvons retrouver un emblème récurrent dans chacune de ses créations, appelé le « field » qui représente l’équilibre.

Démarche artistique

Ses premières œuvres s’inscrivent dans le droit-fil du body art et à partir de 1994, il fait appel à l’installation, au dessin, à la photographie, à la performance et à la vidéo.

Connu pour son cycle de cinq films, Cremaster réalisés de 1994 à 2002, dans lesquels il met en scène de manière surréaliste des danseuses, le Chrysler Building, des pilotes automobiles, etc et s’interroge sur la non-différenciation des sexes, les  »cyborgs » une humanité mutante. Ces cinq films sont prédominés par l’utilisation de matières malléables comme le plastique, la résine, la cire. Cremaster est le nom du muscle qui, contractant les testicules sous l’effet du froid ou de la peur, protège les spermatozoïdes des variations de température. Il faut noter que la numérotation des films ne suit pas l’ordre chronologique.

Drawing Restraint 9, est sortie au printemps 2006. Matthew Barney et sa compagne, la chanteuse islandaise Björk, sont les deux acteurs principaux du film, se déroulant sur un baleinier au Japon. Björk en a également composé la bande originale.

Présentée en 2014, sa dernière oeuvre, River of Fundament mêle cinéma, opéra et performance, sur le thème de la vie, de la mort et de la réincarnation.

Œuvres de Matthew Barney

Cremaster : oeuvre majeure

S’opposant à tout récit linéaire et donc à toute lecture univoque, Matthew Barney développe dans ses films une iconographie aux références multiples. Chaque épisode s’inscrit dans des topos spécifiques tels l’Ile de Man, les lacs salés de Bonneville dans l’Utah ou la ville de Budapest. L’architecture peut aussi être assimilée à un personnage à part entière comme le Bronco Stadium ou le Chrysler Building.
Pour chaque Cremaster, identifié par un blason et une couleur propres, l’artiste s’inspire d’époques et de genres spécifiques. Ainsi, son imaginaire peut-il mêler mythologie grecque et athlétisme professionnel, cinéma hollywoodien et art de la magie, psychanalyse et musique « hard-core ».

L’épopée de Barney « Le Cremaster Cycle » (1994-2002) est un projet composé de cinq longs métrages qui explorent le processus de création. Sa concentration dans la sculpture est accentuée par son utilisation de la vidéo. Barney utilise la vidéo pour parfaire sa sculpture en évaluant le positionnement, l’éclairage, la taille et la forme, tout en utilisant la vidéo comme le moyen de finir sa sculpture. Le cycle ne se déroule pas seulement de façon cinématographique, mais aussi à travers les photographies, dessins, sculptures et installations, l’artiste produit en conjonction avec chaque épisode. Son point de départ conceptuel est le muscule CREMASTER, qui contrôle les contractions testiculaires en réponse à des stimulis externes.

Cremaster 4 (1994), se situe sur l’île de Man et associe une course de side-cars entre un prototype jaune et un bleu avec un être hybride aux oreilles de porc. (42 minutes)

Ce premier cremaster traite de la volonté de l’organisme à revenir à un état asexué, au vu de son identité masculine.
Comme les autres Cremaster, il a une structure circulaire : le film débute et se termine au même endroit (cabane au bout du ponton).
Le personnage principal est le « Belier Lougthon », il est joué par Matthew Barney. Il est habillé d’un costume blanc et a des cheveux oranges vifs. Le bélier a 2 cicatrices sur le crânes, rondes, comme des traces de cornes, pour Barney les cornes représentent l’équilibre, ou l’état d’ascension et de descension peuvent coexister. Le Tryskel représente les trois équipes et il y’a trois fées par équipe. La course se divise en 3 chemins : Équipe descendante, l’équipe ascendante et l’équipe du bélier. La course représente l’atteinte de la masculinité. Dans ce Cremaster, Matthew Barney utilise des formes, et des matières qui ramènent aux corps humains. C’est le film le plus biologique du cycle.

*Cremaster 1, (1995), représente une revue de danse, en plein air, sur la pelouse artificielle et bleue du stade de Boisé(Idaho), avec la présence de dirigeable Goodyear. Un dirigeable survole le stade, des hôtesses entourent une table, sous cette dernière, une femme dessine des figures avec des raisins.(40 minutes)

Dans ce premier film, Barney met en scène l’imaginaire de la production f’tale, et de ses secret, la femme dans les dirigeables dicte aux danseurs quoi faire, c’est une sorte de construction mécanique. La danse des choristes Goodyear, vue de haut représente d’abord le signe de Barney, (stade) puis finalement la forme se modifie et on voit apparaître le système reproductif de la femme, c’est à dire l’utérus et les ovaires.

Cremaster 5, (1997), tourné à Budapest, évoque une histoire d’amour tragique d’une reine délaissée(Ursulla Andress) et de son héros à la fin du XIVème siècle. Cet épisode emprunte des références à l’art de la renaissance européenne, à l’opéra et au cinéma (54 minutes).

Ce cinquième cremaster est construit comme un opéra lyrique, ici on chante le désir mais aussi le désespoir. L’opéra est donné en l’honneur de la reine, elle est seule spectatrice dans le théâtre.La reine se laisse aller à ses rêveries et revoit son magicien chéri qui tente à la façon d’Houdini un faux suicide dans l’eau, la reine pleine de tristesse pense qu’il va mourir. Finalement le magicien réapparaît et la reine pleure, l’oeuvre de Matthew Barney ne comporte pas de réelle finalité, elle s’arrête de façon abrupte, sans nous laisser le choix. Le film se clot au rythme de son sujet : la descension, en partant d’un fracas sans nom pour arriver à un état paisible. On peut imaginer que cela représente la tâche accomplie, ou l’artiste entre dans une quiétude silencieuse.

Cremaster 2, (1999), dans ce long métrage (1h19), deux histoires sont mises en parallèles. La première s’inspire du roman de Norman Mailer, __Le Chant du Boureau__, fondé sur un fait divers. La seconde histoire met en scène l’histoire du magicien Harry Houdini célèbre pour ses numéros de métamorphoses.

Ici, Barney utilise les formes du western et en fait un film gothique qui présente le conflit dans le système. Il correspond, au niveau f’tal à la phase où la division sexuelle se forme. Mais dans l’idée de Matthew Barney, le système tente de résister à ce changement afin de rester dans l’équilibre vu dans le Cremaster 1, c’est à dire asexué. Le film se passe à la fois en 1977 temps de Gary Guilmore (célèbre criminel condamnée à la peine de mort après son rétablissement) ainsi qu’au temps du succès du célèbre magicien Houdini c’est à dire en 1893. En effet les deux personnages seraient liés, Houdini serait le grand-père de Guilmore.
Barney porte beaucoup d’importance aux abeilles qui pour lui sont la représentation de la migration et du changement. De plus la bande sonore est réalisée grâce au bourdonnement de la voix d’un chanteur de métal. Comme le bourdonnement des abeilles.

Cremaster 3, (2002), l’action se déroule à New York dans le Chrysler Building dans les années 1929-1930, lors de la construction de ce bâtiment. Dans ce long métrage, Matthew Barney mais en parallèle les rites francs-maçons et la construction du Chrysler building, comme un rite d’élévation vers les cieux, vers la pureté.(3h01)

Ici l’immeuble, est lui-même un personnage. C’est l’hôte de l’Architecte et de l’Initié, ces deux personnages étant issus de la confrérie des francs-maçons dont Barney s’inspire dans ce 3ème volet de Cremaster. Ce film traite donc de l’histoire d’Hiram Abriff, architecte présumé du temple de Salomon, qui possèderait la totalité du savoir sur les mystères de l’univers. Barney rejoue donc la mort et la résurrection de l’architecte, selon les rites maçonniques. Mais l’apprenti triche lors de son passage au niveau supérieur, il est découvert et est puni pour ça.
Après coup, Barney a réalisé une suite, plus corporelle et moins scénaristique de son Cremaster 3. C’est cette seconde partie qui est la plus connue et fut réalisée dans le musée Guggenheim en Espagne. Il fait un remake de l’ascension de l’apprenti,The Order (from Cremaster 3, 2003) dans le musée Guggenheim de New York qui a l’architecture qui s’y prête. Le thème du film est l’ascension, et représente le climax de l’oeuvre de Barney, la pièce centrale. Il s’agit de la partie où tout tremble et risque de s’écrouler.

Ecrit par Marine Arbassette et modifié par Camélia Ah-lo